Création de l'Ecole des Beaux-Arts de Tunis (1923-1966)
Création de l’Ecole des Beaux-Arts de Tunis (1923-1966)
(« Revue
des études urbaines » (« Mujtamaâ wa U’mrân »), n°11/12,
décembre 1988, pp. 9-13)
1) Le bâtiment et le jardin de l’Ecole des Beaux-Arts
En vue d’encourager une
large politique d’expansion de la culture française en Tunisie, des réformes
ont été entreprises par le gouvernement du Protectorat. C’est dans le cadre de
ces réformes, et parallèlement à la modernisation de l’enseignement, qu’a été
fondé au mois de mars 1923 un Centre d’enseignement d’art, sous l’égide de
Lucien Saint, Résident Général (1921-1929), et l’accord du Grand Conseil appelé
à prêter son appui financier (1).
Le Centre a été aménagé dans une aile du premier étage
d’un somptueux palais, le Dar Ben Ayad (2), situé près de Bâb Djezira, dans le
quartier sud de la Médina. Ce même lieu servait au début du siècle d'atelier au
peintre français Pierre Gourdault (3).
2) Atelier de Pierre Gourdault, in "La Tunisie Illustrée",
1919, 4 juin, p. 9.
En 1927, le centre a été transféré au rez-de-chaussée du
même palais ; on ne disposait plus alors que de deux salles dont
l’une était mal éclairée.
C’est avec des moyens, au
début assez modestes, que l’on a pu acquérir un stock de livres et d’albums
d’art constituant une bibliothèque qui contenait, en 1932, six cents ouvrages
(4). Quelques moulages provenant des musées du Louvre et de Trocadéro, servant
de modèles aux jeunes élèves et amateurs, et des œuvres de peinture et de
sculpture envoyées par le Musée du Luxembourg et du Louvre, ont été placés dans
le dépôt du Centre.
Un enseignement théorique était assuré par Pierre Boyer,
Inspecteur des Antiquités et Arts, qui a d’ailleurs eu lui-même l’initiative de
la création de ce Centre et qui le dirigeait (5). P. Boyer donnait chaque
quinzaine des conférences portant alternativement sur les grands courants de la
peinture en Europe et l’histoire de la peinture française des Primitifs à
Manet. Victor Valensi, architecte-conseil de la ville de Tunis, se chargeait de
son côté du cours d’architecture (6).
3) L’atelier de
dessin du cours préparatoire
Parallèlement, un
enseignement pratique était maintenu par Armand Vergeaud (7) et Alexandre
Fichet (8) ; le premier dirigeait l’atelier de peinture, le second, celui
du dessin et du modelage.
A ses débuts, le
Centre démarra avec une sélection de huit élèves. Mais au fil des années, le
nombre des inscrits, recrutés pour la plupart parmi la colonie étrangère, a
pris de l’ampleur. En 1930, on dénombrait en tout trente-neuf élèves
fréquentant régulièrement les ateliers (dont quelques rares juifs tunisiens et
seulement trois musulmans : Y. Turki (9), A. Ben Raïs et A. Ben Salem).
(10)
Un concours
d’admission se déroulait avant la rentrée scolaire le 15 octobre de chaque
année, et un concours de sortie avait lieu au mois de juin au moment de la
fermeture. Durant chaque fin de trimestre, un jury décernait aux meilleurs
élèves des récompenses.
Succédant à Henri Doliveux (1919-1927), Emile Gau,
nouveau Directeur Général de l’instruction publique et des Beaux-Arts
(1927-1937) a érigé le modeste Centre d’Enseignement d’Art en Ecole des
Beaux-Arts. Ce Centre qui n’était jusqu’alors qu’une institution
semi-officielle a acquis, par un arrêté daté du 1er octobre
1930, le statut d’« Ecole des beaux-arts » (11). A partir de ce
moment, A. Vergeaud en a pris la direction, en remplacement de P. Boyer, appelé
à la retraite (12).
4) Le cours de décoration murale :
les élèves exécutent les cartons de panneaux prévus en mosaïque
Les diplômés
de l’Ecole ont organisé, dès 1929, une Association d’Anciens élèves de l’Ecole
des Beaux-Arts, à laquelle se sont joints des artistes de profession, des
professeurs et des amis de l’art. Cette association, présidée par De la Porte
des Vaux et encouragée par la résidence générale et les pouvoirs publics,
préparait à chaque fin d’année scolaire une exposition des travaux d’élèves
anciens et nouveaux. La première exposition, tenue au Palais des Sociétés
Françaises, a remporté un vif succès : soixante-dix œuvres, parmi les
cent-vingt présentées, ont été achetées.
Exposition de l'Association des élèves et amis du Centre d'art, 1929.
Exposition au Centre d'art d’œuvres de Auguste Durel (1904-1993). Peintre, sculpteur et graveur, il comptait parmi les élèves les plus appréciés d'Armand Vergeaud. Il quitta définitivement la Tunisie en 1933 et s'installa à Paris).
Grâce à l’habile direction de A. Vergeaud (13), l’Ecole
qui se constituait uniquement d’une section d’Arts plastiques (groupant les
ateliers de peinture, de dessin, de gravure et de modelage), s’est dotée d’une
nouvelle section d’architecture et d'urbanisme. Le cours facultatif donné initialement
par V. Valensi ayant été suspendu en 1930 par suite de l’absence d’élèves,
cette spécialité, mieux équipée, a retrouvé, à partir de 1944, un certain
regain d’intérêt lorsque Jacques Marmey (14) en a pris la direction. (elle
accueillait, en 1945, vingt-huit élèves).
5)
L’atelier d’architecture
Le nombre
d’élèves inscrits augmentant chaque année (quatre-vingt-trois en 1953), le
local du passage Ben Ayad est devenu trop exigu (15). Sous l’initiative de
Lucien Paye, nouveau directeur de l’Instruction publique et des Beaux-Arts
(1948-1955), l’Ecole a changé de lieu et s’est établie définitivement dans un
ancien hospice des mutilés de guerre, situé extra-muros, à proximité de Bâb
Sidi Abdessalam (Route de Forgemol, aujourd’hui Route de l’Armée Nationale). Le
16 octobre 1953, Pierre Voizard, nommé depuis un mois Résident Général
(1953-1955), inaugurait le nouveau bâtiment en présence du Général Tahar
Maâoui, représentant S.A. Le Bey, et de plusieurs personnalités tunisiennes et
françaises (16). C’est sur le modèle des écoles d’art de province que Pierre
Berjole (17), succédant en 1949 à A. Vergeaud, établissait les nouveaux
programmes (18). Un atelier d’arts décoratifs a été créé. On s’y initiait aux
techniques des arts appliqués (affiche, illustration, céramique, verrerie,
mosaïque, etc.)
Le nouveau bâtiment étant plus spacieux, doté
d’un jardin et équipé de plusieurs salles et d’une bibliothèque, les cours et
les ateliers se déroulaient ainsi avec plus de régularité et dans de meilleures
conditions matérielles.
6) L’atelier de décoration. Au mur, les meilleurs projets. A gauche, sur
l’armoire, les maquettes du cours de décoration théâtrale.
A l’instar des
écoles d’art de province, l’enseignement pictural divulgué à l’Ecole des
beaux-arts de Tunis préconisait le retour au classicisme à travers la
discipline des musées. L’académisme gréco-romain y était de rigueur. L’œuvre de
Vergeaud, de Fichet, de Berjole et de bien d’autres artistes enseignants,
adoptait un style assez conventionnel, plus ou moins teinté d’un certain
« modernisme » (19). L’Ecole passait sous silence les pratiques
artistiques locales présentes et passées, coupant ainsi avec la réalité du
pays. L’art colonial prôné dans cette institution était incapable de saisir
l’actualité quotidienne autrement qu’à travers les stéréotypes d’un
orientalisme moribond. Il demeure cependant que les premiers maîtres qui y ont
professé ont servi d’exemple aux futurs peintres de « l’Ecole de
Tunis ». Nous devons, certes, honorer leur mémoire, en ce sens qu’ils ont
largement contribué à jeter les prémices de la peinture moderne en Tunisie.
En 1957, après une
tutelle de l'Education Nationale, l'Ecole passa, en 1962, sous la tutelle du
Ministère de la Culture. Le départ de Pierre Berjole en France, au mois de juin
1966 (20), a marqué la fin d’une période révolue et a ouvert une ère nouvelle.
Un décret daté du 5 octobre 1967, portant réorganisation de l’Ecole des
Beaux-Arts (21), correspondait avec la prise de la direction par une ancienne
élève, Mme Safia Farhat (22), qui s’est fixée pour tâche, durant sa carrière
qui s’est poursuivie jusqu'en 1981, d’assurer un changement profond dans les
options et les moyens qui ont été jusqu'alors mis en place. Son principal
objectif était de réhabiliter certains métiers artisanaux, notamment le tissage
et la tapisserie, en leur insufflant, à travers un certain savoir-faire et un
répertoire puisé dans la tradition, une dynamique artistique moderne.
L’intégration de l’art dans le milieu tunisien, un art se dégageant de plus en
plus du carcan d’un certain conventionnalisme, a été notamment la préoccupation
majeure des responsables de l’Ecole durant les dernières décennies de
l’Après-Indépendance (23).
7)
L’atelier de dessin du cours supérieur
8) L'atelier de gravure ( 1984); photo de Claude Guenard (né en 1949, artiste peintre, graveur et sculpteur, ancien élève de l'Ecole des Beaux Arts de Paris, enseignant dans plusieurs écoles d'Afrique, dirigea au début des années 80 l'atelier de gravure à l'Ecole des BA de Tunis).
·
(1) Le
budget consacré à l’institution du Centre d’Enseignement d’Art a été fixé à
l’origine par le Grand Conseil à 28.000 fr. En 1930, il s’est élevé à 75.000
fr. Cf. Direction Générale de l’Instruction Publique et des
Beaux-Arts : « L’œuvre scolaire de la France en Tunisie (1883-1930) » ;
Imprimerie Victor Berthod, Bourg, 1931, pp. 51-52.
·
(2) Pierre
Gourdeault s'établit durant deux ans en Tunisie. Il exposa un ensemble d'œuvres
orientalistes au Salon Tunisien de 1913). Cf. William Laparra : Pierre
Gourdeault, in « La Tunisie illustrée », 4 juin 1919, pp. 9-10.
·
(3) A part les deux photographies n° 2 (tirée de "La Tunisie Illustrée",1919, 4 juin, p.
9) et n° 8 (tirée de la plaquette intitulée "l'atelier de gravure"), toutes les autres photographies figurant dans ce texte ont été puisées
dans un article de Pierre Berjole intitulé « L’Enseignement des Beaux-Arts
en Tunisie », (voir note 15). Ces photographies ont été prises par Jacques
Simonot (1925-1982) lors de son séjour à Tunis au milieu du XXème s. (Sa
boutique de photographe était sise au 7 rue Sparte; il était surtout
connu pour ses portraits de jeunes gens).
·
(4) A
l’exception des périodiques, des travaux universitaires (mémoires de Master-thèses de Doctorat) et de la photothèque,
la bibliothèque des Beaux-Arts comporte actuellement 11.000 ouvrages spécialisés dans divers domaines artistiques : Histoire des styles, peinture, sculpture, dessins, gravures, design, arts du spectacle, architecture d'intérieurs, philosophie, sciences). Un bon
nombre de livres anciens et d’albums d’art, ornés par des photogravures, ont
été gracieusement offerts, au début du siècle, par des particuliers. M. Ben
Mustapha, ancien responsable de la bibliothèque, m'avait montré un épais
registre dans lequel sont inscrits les noms des donateurs, parmi lesquels on
reconnaît certaines personnalités notables de l'époque connus dans le
domaine politique ou culturel. (Une bonne partie de ces précieux ouvrages sont aujourd'hui détériorés ou inexistants).
·
(5) Pierre
Boyer (né à Paris en 1865 et décédé en 1933), peintre paysagiste et
portraitiste. Il fut envoyé en Tunisie pour créer un centre d’art et un musée
d'art moderne. (Ce musée n'a cependant jamais vu le jour). Ayant acheté une
propriété agricole près de Grombalia, il est enterré près de ce patelin au
cimetière de Sidi-Aïch.
·
(6) Victor
Valensi (1883-1977), a suivi les cours de l’Ecole Nationale des Beaux-Arts de
Paris. Il a été chargé de la mise sur pied d’un plan d’aménagement et
d’extension de la ville de Tunis (1920). A travers ce projet, il contribua à la
diffusion du style néo-mauresque. Il participa à l’Exposition des Arts
Décoratifs à Paris (1925) et réalisa de nombreuses constructions au Pavillon de
la Tunisie à l’Exposition Coloniale de 1931. La Grande synagogue de Tunis
(1938) est son oeuvre majeure.
·
(7) Jean-Antoine-Armand
Vergeaud (né à Angoulême en 1876). Elève de Gustave Moreau, de Flameng et de
Cormon. Il s’est installé à Tunis de 1912 jusqu’à sa mort en 1949 et s’est
manifesté dès 1910 au Salon Tunisien. (Il a exécuté un portrait de S.A. Ahmed
Bey (1929-1942) destiné à la Grande Salle du trône (1930)). (Sociétaire des
Artistes Français depuis 1906 ; Mention honorable en 1902 ; médaille
de 3è classe en 1909 ; Légion d’honneur en 1932 ; médaille de bronze
en 1937.) Cf. E. Bénézit : « Dictionnaire critique et documentaire
des peintres, sculpteurs, dessinateurs et graveurs », libr. Gründ, Paris
1976, X, 451.
·
(8) Alexandre
Fichet (né à Paris en 1881), arriva à Tunis en 1902. Professeur de dessin à
l’Ecole professionnelle Emile Loubet et au Collège Sadiki. Président du Salon
Tunisien à partir de 1912 jusqu’à sa mort en 1967. Il a réalisé des travaux de
décoration à l’Exposition universelle de 1900, ainsi qu’au Palmarium et au
Casino municipal de Tunis.
·
(9) Yahia
Turki (1900-1969), surnommé « père de la peinture tunisienne »,
entra au Centre d’Art en 1923 » ; il n’y resta que quelques mois.
·
(10) Parmi
les anciens élèves (européens installés en Colonie) inscrits au Centre d'Art,
nous retenons les noms de : Pierre Boucherle, Antonio Corpora, Lucien Azan,
Marina Baldasseroni, Carlo Maiolini, Geneviève Gavrel, René Lombard et René
Paraire. Parmi les Tunisiens de confession israélite : Moses Levy, Jules
Lellouche, Victor Journo et Henri Saada. Les premiers Tunisiens musulmans
inscrits : Yahia Turki, Azzouz Ben Raïs, Ali Ben Salem, Jellal Ben
Abdallah, Abdelaziz Gorgi, Ali Bellagha, H. Turki et Zoubeir Turki.
·
(11) « Journal
Officiel Tunisien », n° 98 ; 10 décembre 1930, p. 2598.
·
(12) S’il
quitta définitivement son poste de directeur du Centre d’Art, P. Boyer
poursuivit néanmoins, jusqu'à sa mort en 1933, ses cours d'histoire de l'art
qu'il assurait une fois par semaine.
·
(13) Le
gouvernement français ne tarda pas à récompenser les mérites du professeur
Vergeaud en le décorant du ruban rouge, lors de l’Exposition Coloniale de 1931,
organisée à Paris à l’occasion du Centenaire de la Prise d’Alger ; exposition
dans laquelle A. Vergeaud a présenté quelques travaux.
(14) Jacques Marmey (1906-1988), architecte dont l'oeuvre majeure,
en Tunisie, fut la construction du Lycée de
Carthage (1949-1955), avait construit, à
cette même époque un Centre d'accueil pour grands mutilés de guerre qui
allait servir, à
partir de 1956, de nouveau local à l'Ecole des beaux-arts de Tunis. En 1963, il
fut également chargé de la
construction du palais présidentiel de Raqqada, réaménagé, en 1986, en
Musée d'art islamique. Cf. Marc Breïtm
"Rationalisme, tradition: Tunisie
1943-1947", Liège, 1986, pp. 172-173.
(( Il m'a paru intéressant, quoique n'ayant pas de rapport avec notre sujet, d'évoquer le rapport qu'il peut y avoir entre "paysage" et "architecture" et qui a été une des préoccupations primordiales de Marmey lors de la construction du Lycée de Carthage. "Celui-ci travaille sur le concept d'intégration de la bâtisse dans son milieu. De cette expérience, il atteste : "A l'aide d'un petit bateau, je me suis rendu au large pour vérifier la justesse de l'implantation de mes bâtiments. Je voulais, du Lycée, profiter de la vue tout en respectant l'intégrité du site millénaire". Cité dans "Institut français d'architecture", Auteur Archives d'Architecture du XXème siècle, éd. Mardaga,1991, p. 228. ))
·
(15) On était
à un moment donné très préoccupé par la nécessité de la création d’une école spacieuse
et moderne. En 1937, on écrivait ceci : « L’Ecole des Beaux-Arts
cherche un Mécène qui voudra bien l’installer sinon dans un Palais, du
moins dans un logement suffisamment vaste pour abriter convenablement ses
élèves et ses collections ».L’Ecole des Beaux-Arts de Tunis, in
« Tunisie, revue illustrée de l’actualité », n° 3 (1ère année),
Tunis, 25 novembre 1932, p. 18.
·
(16) Durant
l’inauguration de la nouvelle Ecole, un émouvant hommage a été rendu à la
mémoire d’A. Vergeaud, à l’occasion du quatrième anniversaire de sa mort, par
ses nombreux amis et élèves.
·
(17)
Pierre-Louis Berjole (né à Samur (Maine et Loire) en 1897, décédé à Nice en
1990), étudia aux Ecoles des Beaux-Arts de Tours et de Paris. Peintre
paysagiste, il s’installa à Tunis et changea de facture en peignant des scènes
orientalistes. Il fut Commandeur du mérite culturel en Tunisie, Officier dans
l’ordre de la République tunisienne et Officier dans l’ordre des palmes
académiques. Cf. E. Bénézit, op. cit., II, 661.
·
(18) Cf. P.
Berjole : L’enseignement des Beaux-Arts en Tunisie, in « Bulletin
Economique et Social de la Tunisie », n° 87, avril 1954, pp. 84-90.
·
(19) A.
Vergeaud, tout en travaillant dans un style académique, rappelle, aussi bien
dans ses scènes tunisiennes que celles de province, le symbolisme de son maître
Gustave Moreau. A. Fichet applique dans ses paysages une technique
pointilliste, tout en recherchant dans ses portraits un certain réalisme
photographique. Les paysages tunisiens de P. Berjole (post-Cézanien) sont combinés
dans une harmonie très recherchée de lumières et de couleurs. Tous ces peintres
donnent à leurs tableaux un cachet typiquement tunisien en puisant dans le
folklore.
·
(20) Dès
lors, Berjole se fixa en France et devint, jusqu’à sa retraite en 1973, Conservateur
du musée de l’Annonciade à Saint-Tropez.
·
(21) Décret
n° 67-342.
·
(22) Safia
Farhat (née en 1924 à Radès), peintre et tapissière. Membre de l’Ecole de Tunis
à partir de 1949. Elle fonde la revue féminine « Faïza ».
Enseigne à l’Ecole des Beaux-Arts dès la fin des années 50. Directrice de
l'Ecole des beaux-arts, elle réforma les programmes d'enseignement en
établissant notamment des contacts avec des enseignants de la Sorbonne
spécialisés en esthétique, en arts plastiques et en histoire de l'art et avec
certaines écoles d'architecture suisses. Évoluant vers une structure
universitaire, l'Ecole des beaux-arts est devenue, en 1973, "Institut
Technologique d'Art, d'Architecture et d'Urbanisme de Tunis".
·
(23) Cf.
N. Ben Cheïkh : Exposition des travaux d’étudiants de la section
Beaux-Arts de l’ITAAUT, in « Peindre à Tunis (pratique
artistique maghrébine et histoire) », (Thèse de 3eme cycle sous
la direction d’Olivier Revault d’Allones, Université de Paris I, Sorbonne,
U.E.R. de philosophie,1978-79, p. 301). Cf. A. Chabouni : « Dix
années avec l’ITAAUT », (mémoire de DEA, dactylographié), ITAAUT
novembre-décembre 1981. (L'ITAAUT a été doté de plusieurs ateliers. Une série
de plaquettes ont été réalisées, sous la direction de Ali Djerbi, présentant quelques-uns
de ces ateliers ; voir à titre d'exemple : "L'atelier de gravure",
Service de publications de l'ITAAUT, 1984 (texte et photos de Claude
Guénard)). Cf. A. Nekhili : L’Ecole des Beaux-Arts hors des voies
traditionnelles, in « La Presse », 8 janvier 1983, p. 3.
E.B.A.T., Ecole des
Beaux-Arts de Tunis
(« Revue d’études
urbaines » (Mujtamaâ wa U’mrân), n° 23, novembre 1996, pp. 25-26)(Chargé
de la direction des Etudes et des Stages à l’Ecole des Beaux-Arts de Tunis, du
15 septembre 1995 au 15 septembre 1996).
L’Ecole des Beaux-Arts de Tunis
(initialement Centre d’Enseignement d’Art) existe depuis 1923. Au cours de
cette période, elle a connu de nombreuses transformations qui l’ont amenée, en
1973, à sa structure actuelle d’établissement supérieur. A ce moment, elle
s’appelait « Institut Technologique d’Art, d’Architecture et
d’Urbanisme » et regroupait, comme son nom l’’indique, divers types de
formation. Tout récemment, une restructuration de ce dispositif a amené la mise
en place de trois écoles distinctes : l’Ecole Nationale d’Architecture et
d’Urbanisme, l’Ecole des Beaux-Arts de Sfax (qui vient d’être créée) et l’Ecole
des Beaux-Arts de Tunis. Cette dernière retrouve ainsi son ancienne
dénomination et comprend un enseignement à vocation essentiellement artistique.
La première année d’études
est une année commune de caractère pluridisciplinaire et d’orientation. Elle
assure une large formation de base dans les composantes du langage
plastique (dessin, forme, couleur), parallèlement à un ensemble de cours
théoriques dans les divers domaines de la connaissance (sciences humaines,
histoire des civilisations).
La deuxième
année est une année de spécialisation qui engage la suite des études.
L’étudiant choisit entre deux sections, celle des « Arts
Plastiques » (qui comporte deux cycles de deux ans chacun pour un diplôme
national de maîtrise), ou celle des « Arts et Métiers » (précédemment
appelé « Design », pour un diplôme national « bac+5 »).
L’enseignement
d’Arts Plastiques répond à deux critères : le premier consiste à assurer
une formation spécifique approfondie à de futurs enseignants d’éducation
artistique ; le second résulte de l’importance qu’occupent la peinture,
la sculpture ou la céramique dans le domaine de la pratique.
La dénomination
« Art et Métiers » a été choisie parce que l’ancienne appellation
« Design », dans le sens propre du mot, renferme toute activité
touchant au projet. Le design comprenait le produit (mobilier, voitures,
appareils ménagers, objets utilitaires…), l’art graphique (ébauches d’affiches,
de livres, illustration libre ou appliquée, images graphiques ou picturales…)
et l’aménagement (décor de théâtre ou de films, décoration d’intérieurs…).
Suivant la nouvelle réforme (cf. J.O.R.T. du 26 décembre 1995, décret n°
95-2485), le département « Art et Métiers » comprend une année
commune (deuxième année du premier cycle). Le second cycle, d’une durée de
trois ans, conduit à trois filières : Art et communication, Art-Artisanat
et industrie, Architecture d’intérieurs-Scénographie. En vue des orientations
pédagogiques, ces nouvelles filières témoignent d’une conception différente de
la formation, pour une adaptation meilleure à la vie active en matière d’art,
d’artisanat, d’industrie, de communication et d’aménagement. Dans ce sens, les
études entreprises à l’ESBAT donnent des chances professionnelles à tout
étudiant qui a développé ses propres capacités et qui sait comment les
transposer dans un domaine de travail précis. La participation des étudiants à
des projets réels, comme par exemple la collaboration avec des institutions
publiques ou des producteurs privés, les confronte assez tôt avec les
situations présentes de la pratique. L’Ecole des Beaux-Arts se doit
d’encourager ce rapport avec la pratique, tout en prenant garde aux conflits
critiques qui peuvent en découler. La créativité artistique doit rester le
point de mire de la formation. Une conscience de soi critique, soutenue par la
théorie, protège le jeune diplômé contre une soumission sans discernement sous
de prétendues contraintes matérielles. Pour répondre à ces exigences, les
programmes d’études comprennent tout aussi bien des thèmes artistiques et
créatifs que théoriques et scientifiques. Une formation de troisième cycle en
Sciences et Techniques des Arts, pour l’obtention d’un diplôme d’études
approfondies (DEA) et par la suite d’un doctorat, se charge aussi bien de
fournir à l’Ecole qu’ au champ plus large de l’investigation scientifique
des théoriciens compétents et dotés d’une réflexion profonde et soutenue.
A côté des cours théoriques faisant partie intégrante des
programmes pédagogiques, des missions et des stages annuels sont effectués. Des
artistes, des critiques, des chercheurs, toutes disciplines confondues, portant
un regard spécifique sur l’art, animent régulièrement des séminaires, des
conférences, des expositions et des rencontres. C’est dans un esprit
d’ouverture et dans le cadre d’une politique de coopération avec d’autres
centres de recherches que l’Ecole compte assurer un rôle prépondérant dans
l’avenir.