Création de l’Ecole des Beaux-Arts de Tunis (1923-1966)
(« Revue des études
urbaines » (« Mujtamaâ wa U’mrân »), n°11/12, décembre 1988, pp.
9-13)
1) Le bâtiment et le jardin de
l’Ecole des Beaux-Arts
En vue
d’encourager une large politique d’expansion de la culture française en
Tunisie, des réformes ont été entreprises par le gouvernement du Protectorat.
C’est dans le cadre de ces réformes, et parallèlement à la modernisation de
l’enseignement, qu’a été fondé au mois de mars 1923 un Centre d’enseignement
d’art, sous l’égide de Lucien Saint, Résident Général (1921-1929), et l’accord
du Grand Conseil appelé à prêter son appui financier (1).
Le Centre a
été aménagé dans une aile du premier étage d’un somptueux palais, le Dar Ben
Ayad (2), situé près de Bâb Djezira, dans le quartier sud de la Médina. Ce même lieu servait au début du siècle d'atelier au peintre français Pierre Gourdault (3).
2) Atelier de Pierre Gourdault, in "La Tunisie Illustrée", 1919, 4 juin, p. 9.
En 1927, le centre a été transféré au rez-de-chaussée du même palais ; on ne disposait plus alors que de deux salles dont l’une était mal éclairée.
2) Atelier de Pierre Gourdault, in "La Tunisie Illustrée", 1919, 4 juin, p. 9.
En 1927, le centre a été transféré au rez-de-chaussée du même palais ; on ne disposait plus alors que de deux salles dont l’une était mal éclairée.
C’est avec des moyens, au début assez
modestes, que l’on a pu acquérir un stock de livres et d’albums d’art
constituant une bibliothèque qui contenait, en 1932, six cents ouvrages (4).
Quelques moulages provenant des musées du Louvre et de Trocadéro, servant de
modèles aux jeunes élèves et amateurs, et des œuvres de peinture et de
sculpture envoyées par le Musée du Luxembourg et du Louvre, ont été placés dans
le dépôt du Centre.
Un
enseignement théorique était assuré par Pierre Boyer, Inspecteur des Antiquités et Arts, qui a d’ailleurs eu lui-même l’initiative de la création de ce
Centre et qui le dirigeait (5). P. Boyer donnait chaque quinzaine des
conférences portant alternativement sur les grands courants de la peinture en
Europe et l’histoire de la peinture française des Primitifs à Manet. Victor
Valensi, architecte-conseil de la ville de Tunis, se chargeait de son côté du
cours d’architecture (6).
3) L’atelier de dessin du cours
préparatoire
Parallèlement, un enseignement pratique était maintenu par Armand
Vergeaud (7) et Alexandre Fichet (8) ; le premier dirigeait l’atelier de
peinture, le second, celui du dessin et du modelage.
A ses
débuts, le Centre démarra avec une sélection de huit élèves. Mais au fil des années,
le nombre des inscrits, recrutés pour la plupart parmi la colonie étrangère, a
pris de l’ampleur. En 1930, on dénombrait en tout trente-neuf élèves
fréquentant régulièrement les ateliers (dont quelques rares juifs tunisiens et
seulement trois musulmans : Y. Turki (9), A. Ben Raïs et A. Ben Salem). (10)
Un concours
d’admission se déroulait avant la rentrée scolaire le 15 octobre de chaque
année, et un concours de sortie avait lieu au mois de juin au moment de la
fermeture. Durant chaque fin de trimestre, un jury décernait aux meilleurs
élèves des récompenses.
Succédant à Henri Doliveux (1919-1927), Emile Gau, nouveau Directeur Général de l’instruction
publique et des Beaux-Arts (1927-1937) a érigé le modeste Centre d’Enseignement d’Art en Ecole des Beaux-Arts. Ce Centre
qui n’était jusqu’alors qu’une institution semi-officielle a acquis, par
un arrêté daté du 1er octobre 1930, le statut d’« Ecole des beaux-arts » (11). A partir de ce moment, A. Vergeaud en a pris la
direction, en remplacement de P. Boyer, appelé à la retraite (12).
4) Le cours de
décoration murale : les élèves exécutent les cartons de panneaux prévus en
mosaïque
Les
diplômés de l’Ecole ont organisé, dès 1929, une Association d’Anciens élèves de
l’Ecole des Beaux-Arts, à laquelle se sont joints des artistes de profession,
des professeurs et des amis de l’art. Cette association, présidée par De la
Porte des Vaux et encouragée par la résidence générale et les pouvoirs publics,
préparait à chaque fin d’année scolaire une exposition des travaux d’élèves
anciens et nouveaux. La première exposition, tenue au Palais des Sociétés Françaises, a remporté un vif succès : soixante-dix œuvres, parmi les cent-vingt
présentées, ont été achetées.
Grâce à l’habile direction de A. Vergeaud
(13), l’Ecole qui se constituait uniquement d’une section d’Arts plastiques (groupant
les ateliers de peinture, de dessin, de gravure et de modelage), s’est dotée d’une
nouvelle section d’architecture et d'urbanisme. Le cours facultatif donné initialement par V.
Valensi ayant été suspendu en 1930 par suite de l’absence d’élèves, cette spécialité,
mieux équipée, a retrouvé, à partir de 1944, un certain regain d’intérêt lorsque Jacques Marmey (14) en a pris la direction. (elle accueillait, en 1945,
vingt-huit élèves).
5) L’atelier d’architecture
Le nombre d’élèves inscrits augmentant chaque
année (quatre-vingt-trois en 1953), le local du passage Ben Ayad est devenu
trop exigu (15). Sous l’initiative de Lucien Paye, nouveau directeur de
l’Instruction publique et des Beaux-Arts (1948-1955), l’Ecole a changé de lieu
et s’est établie définitivement dans un ancien hospice des mutilés de guerre,
situé extra-muros, à proximité de Bâb Sidi Abdessalam (Route de Forgemol,
aujourd’hui Route de l’Armée Nationale). Le 16 octobre 1953, Pierre Voizard,
nommé depuis un mois Résident Général (1953-1955), inaugurait le nouveau
bâtiment en présence du Général Tahar Maâoui, représentant S.A. Le Bey, et de
plusieurs personnalités tunisiennes et françaises (16). C’est sur le modèle des
écoles d’art de province que Pierre Berjole (17), succédant en 1949 à A.
Vergeaud, établissait les nouveaux programmes (18). Un atelier d’arts décoratifs a été créé. On s’y initiait aux techniques des arts appliqués
(affiche, illustration, céramique, verrerie, mosaïque, etc.)
Le nouveau
bâtiment étant plus spacieux, doté d’un jardin et équipé de plusieurs salles et
d’une bibliothèque, les cours et les ateliers se déroulaient ainsi avec plus de
régularité et dans de meilleures conditions matérielles.
6) L’atelier de décoration. Au mur,
les meilleurs projets. A gauche, sur l’armoire, les maquettes du cours de
décoration théâtrale.
A l’instar
des écoles d’art de province, l’enseignement pictural divulgué à l’Ecole des beaux-arts de Tunis préconisait le retour au classicisme à travers la
discipline des musées. L’académisme gréco-romain y était de rigueur. L’œuvre de
Vergeaud, de Fichet, de Berjole et de bien d’autres artistes enseignants,
adoptait un style assez conventionnel, plus ou moins teinté d’un
certain « modernisme » (19). L’Ecole
passait sous silence les pratiques artistiques locales présentes et passées,
coupant ainsi avec la réalité du pays. L’art colonial prôné dans cette
institution était incapable de saisir l’actualité quotidienne autrement qu’à
travers les stéréotypes d’un orientalisme moribond. Il demeure cependant que
les premiers maîtres qui y ont professé ont servi d’exemple aux futurs peintres
de « l’Ecole de Tunis ». Nous devons, certes, honorer leur mémoire,
en ce sens qu’ils ont largement contribué à jeter les prémices de la peinture
moderne en Tunisie.
En 1957, après une tutelle de l'Education Nationale, l'Ecole passa, en 1962, sous la tutelle du Ministère de la Culture. Le départ
de Pierre Berjole en France, au mois de juin 1966 (20), a marqué la fin d’une
période révolue et a ouvert une ère nouvelle. Un décret daté du 5 octobre 1967,
portant réorganisation de l’Ecole des Beaux-Arts (21), correspondait avec la
prise de la direction par une ancienne élève, Mme Safia Farhat (22), qui s’est
fixée pour tâche, durant sa carrière qui s’est poursuivie jusqu'en 1981,
d’assurer un changement profond dans les options et les moyens qui ont été
jusqu'alors mis en place. Son principal
objectif était de réhabiliter certains métiers artisanaux, notamment le tissage
et la tapisserie, en leur insufflant, à travers un certain savoir-faire et un
répertoire puisé dans la tradition, une dynamique artistique moderne.
L’intégration de l’art dans le milieu tunisien, un art se dégageant de plus en
plus du carcan d’un certain conventionnalisme, a été notamment la préoccupation
majeure des responsables de l’Ecole durant les dernières décennies de l’Après-Indépendance
(23).
7) L’atelier de dessin du cours
supérieur
- (1) Le budget consacré à l’institution du Centre d’Enseignement d’Art a été fixé à l’origine par le Grand Conseil à 28.000 fr. En 1930, il s’est élevé à 75.000 fr. Cf. Direction Générale de l’Instruction Publique et des Beaux-Arts : « L’œuvre scolaire de la France en Tunisie (1883-1930) » ; Imprimerie Victor Berthod, Bourg, 1931, pp. 51-52.
- (2) Pierre Gourdeault s'établit durant deux ans en Tunisie. Il exposa un ensemble d'œuvres orientalistes au Salon Tunisien de 1913). Cf. William Laparra : Pierre Gourdeault, in « La Tunisie illustrée », 4 juin 1919, pp. 9-10.
- (3) A part la photographie n° 2 (tirée de "La Tunisie Illustrée",1919, 4 juin, p. 9), toutes les autres photographies figurant dans ce texte ont été puisées dans un article de Pierre Berjole intitulé « L’Enseignement des Beaux-Arts en Tunisie », (voir note 15). Ces photographies ont été prises par Jacques Simonot (1925-1982) lors de son séjour à Tunis au milieu du XXème s. (Sa boutique de photographe était sise au 7 rue Sparte; il était surtout connu pour ses portraits de jeunes gens).
- (4) A l’exception des périodiques, des travaux universitaires et de la photothèque, la bibliothèque des Beaux-Arts comporte aujourd’hui 11.000 ouvrages. Un bon nombre de livres anciens et d’albums d’art, ornés par des photogravures, ont été gracieusement offerts, au début du siècle, par des particuliers. M. Ben Mustapha, ancien responsable de la bibliothèque, m'avait montré un épais registre dans lequel sont inscrits les noms des donateurs, parmi lesquels on reconnaît certaines personnalités notables de l'époque connus dans le domaine politique ou culturel.
- (5) Pierre Boyer (né à Paris en 1865 et décédé en 1933), peintre paysagiste et portraitiste. Il fut envoyé en Tunisie pour créer un centre d’art et un musée d'art moderne. (Ce musée n'a cependant jamais vu le jour). Ayant acheté une propriété agricole près de Grombalia, il est enterré près de ce patelin au cimetière de Sidi-Aïch.
- (6) Victor Valensi (1883-1977), a suivi les cours de l’Ecole Nationale des Beaux-Arts de Paris. Il a été chargé de la mise sur pied d’un plan d’aménagement et d’extension de la ville de Tunis (1920). A travers ce projet, il contribua à la diffusion du style néo-mauresque. Il participa à l’Exposition des Arts Décoratifs à Paris (1925) et réalisa de nombreuses constructions au Pavillon de la Tunisie à l’Exposition Coloniale de 1931. La Grande synagogue de Tunis (1938) est son oeuvre majeure.
- (7) Jean-Antoine-Armand Vergeaud (né à Angoulême en 1876). Elève de Gustave Moreau, de Flameng et de Cormon. Il s’est installé à Tunis de 1912 jusqu’à sa mort en 1949 et s’est manifesté dès 1910 au Salon Tunisien. (Il a exécuté un portrait de S.A. Ahmed Bey (1929-1942) destiné à la Grande Salle du trône (1930)). (Sociétaire des Artistes Français depuis 1906 ; Mention honorable en 1902 ; médaille de 3è classe en 1909 ; Légion d’honneur en 1932 ; médaille de bronze en 1937.) Cf. E. Bénézit : « Dictionnaire critique et documentaire des peintres, sculpteurs, dessinateurs et graveurs », libr. Gründ, Paris 1976, X, 451.
- (8) Alexandre Fichet (né à Paris en 1881), arriva à Tunis en 1902. Professeur de dessin à l’Ecole professionnelle Emile Loubet et au Collège Sadiki. Président du Salon Tunisien à partir de 1912 jusqu’à sa mort en 1967. Il a réalisé des travaux de décoration à l’Exposition universelle de 1900, ainsi qu’au Palmarium et au Casino municipal de Tunis.
- (9) Yahia Turki (1900-1969), surnommé « père de la peinture tunisienne », entra au Centre d’Art en 1923 » ; il n’y resta que quelques mois.
- (10) Parmi les anciens élèves (européens installés en Colonie) inscrits au Centre d'Art, nous retenons les noms de : Pierre Boucherle, Antonio Corpora, Lucien Azan, Marina Baldasseroni, Carlo Maiolini, Geneviève Gavrel, René Lombard et René Paraire. Parmi les Tunisiens de confession israélite : Moses Levy, Jules Lellouche, Victor Journo et Henri Saada. Les premiers Tunisiens musulmans inscrits : Yahia Turki, Azzouz Ben Raïs, Ali Ben Salem, Jellal Ben Abdallah, Abdelaziz Gorgi, Ali Bellagha, H. Turki et Zoubeir Turki.
- (11) « Journal Officiel Tunisien », n° 98 ; 10 décembre 1930, p. 2598.
- (12) S’il quitta définitivement son poste de directeur du Centre d’Art, P. Boyer poursuivit néanmoins, jusqu'à sa mort en 1933, ses cours d'histoire de l'art qu'il assurait une fois par semaine.
- (13) Le gouvernement français ne tarda pas à récompenser les mérites du professeur Vergeaud en le décorant du ruban rouge, lors de l’Exposition Coloniale de 1931, organisée à Paris à l’occasion du Centenaire de la Prise d’Alger ; exposition dans laquelle A. Vergeaud a présenté quelques travaux.
(14) Jacques Marmey (1906-1988), architecte dont l'oeuvre majeure, en Tunisie, fut la construction du Lycée de Carthage (1949-1955), avait construit, à cette même époque un Centre d'accueil pour grands mutilés de guerre qui allait servir, à partir de 1956, de nouveau local à l'Ecole des beaux-arts de Tunis. En 1963, il fut également chargé de la construction du palais présidentiel de Raqqada, réaménagé, en 1986, en Musée d'art islamique. Cf. Marc Breïtm "Rationalisme, tradition: Tunisie 1943-1947", Liège, 1986, pp. 172-173.
- (15) On était à un moment donné très préoccupé par la nécessité de la création d’une école spacieuse et moderne. En 1937, on écrivait ceci : « L’Ecole des Beaux-Arts cherche un Mécène qui voudra bien l’installer sinon dans un Palais, du moins dans un logement suffisamment vaste pour abriter convenablement ses élèves et ses collections ».L’Ecole des Beaux-Arts de Tunis, in « Tunisie, revue illustrée de l’actualité », n° 3 (1ère année), Tunis, 25 novembre 1932, p. 18.
- (16) Durant l’inauguration de la nouvelle Ecole, un émouvant hommage a été rendu à la mémoire d’A. Vergeaud, à l’occasion du quatrième anniversaire de sa mort, par ses nombreux amis et élèves.
- (17) Pierre-Louis Berjole (né à Samur (Maine et Loire) en 1897, décédé à Nice en 1990), étudia aux Ecoles des Beaux-Arts de Tours et de Paris. Peintre paysagiste, il s’installa à Tunis et changea de facture en peignant des scènes orientalistes. Il fut Commandeur du mérite culturel en Tunisie, Officier dans l’ordre de la République tunisienne et Officier dans l’ordre des palmes académiques. Cf. E. Bénézit, op. cit., II, 661.
- (18) Cf. P. Berjole : L’enseignement des Beaux-Arts en Tunisie, in « Bulletin Economique et Social de la Tunisie », n° 87, avril 1954, pp. 84-90.
- (19) A. Vergeaud, tout en travaillant dans un style académique, rappelle, aussi bien dans ses scènes tunisiennes que celles de province, le symbolisme de son maître Gustave Moreau. A. Fichet applique dans ses paysages une technique pointilliste, tout en recherchant dans ses portraits un certain réalisme photographique. Les paysages tunisiens de P. Berjole (post-Cézanien) sont combinés dans une harmonie très recherchée de lumières et de couleurs. Tous ces peintres donnent à leurs tableaux un cachet typiquement tunisien en puisant dans le folklore.
- (20) Dès lors, Berjole se fixa en France et devint, jusqu’à sa retraite en 1973, Conservateur du musée de l’Annonciade à Saint-Tropez.
- (21) Décret n° 67-342.
- (22) Safia Farhat (née en 1924 à Radès), peintre et tapissière. Membre de l’Ecole de Tunis à partir de 1949. Elle fonde la revue féminine « Faïza ». Enseigne à l’Ecole des Beaux-Arts dès la fin des années 50. Directrice de l'Ecole des beaux-arts, elle réforma les programmes d'enseignement en établissant notamment des contacts avec des enseignants de la Sorbonne spécialisés en esthétique, en arts plastiques et en histoire de l'art et avec certaines écoles d'architecture suisses. Évoluant vers une structure universitaire, l'Ecole des beaux-arts est devenue, en 1973, "Institut Technologique d'Art, d'Architecture et d'Urbanisme de Tunis".
- (23) Cf. N. Ben Cheïkh : Exposition des travaux d’étudiants de la section Beaux-Arts de l’ITAAUT, in « Peindre à Tunis (pratique artistique maghrébine et histoire) », (Thèse de 3eme cycle sous la direction d’Olivier Revault d’Allones, Université de Paris I, Sorbonne, U.E.R. de philosophie,1978-79, p. 301). Cf. A. Chabouni : « Dix années avec l’ITAAUT », (mémoire de DEA, dactylographié), ITAAUT novembre-décembre 1981. (L'ITAAUT a été doté de plusieurs ateliers. Une série de plaquettes ont été réalisées, sous la direction de Ali Djerbi, présentant quelques-uns de ces ateliers ; voir à titre d'exemple : "L'atelier de gravure", Service de publications de l'ITAAUT, 1984 (texte et photos de Claude Guénard)). Cf. A. Nekhili : L’Ecole des Beaux-Arts hors des voies traditionnelles, in « La Presse », 8 janvier 1983, p. 3.
E.B.A.T., Ecole des Beaux-Arts de Tunis
(« Revue d’études urbaines » (Mujtamaâ wa U’mrân), n° 23, novembre 1996, pp. 25-26)(Chargé de la direction des Etudes et des Stages à l’Ecole des Beaux-Arts de Tunis, du 15 septembre 1995 au 15 septembre 1996).
L’Ecole des Beaux-Arts de Tunis
(initialement Centre d’Enseignement d’Art) existe depuis 1923. Au cours de
cette période, elle a connu de nombreuses transformations qui l’ont amenée, en
1973, à sa structure actuelle d’établissement supérieur. A ce moment, elle
s’appelait « Institut Technologique d’Art, d’Architecture et d’Urbanisme »
et regroupait, comme son nom l’’indique, divers types de formation. Tout
récemment, une restructuration de ce dispositif a amené la mise en place de
trois écoles distinctes : l’Ecole Nationale d’Architecture et d’Urbanisme,
l’Ecole des Beaux-Arts de Sfax (qui vient d’être créée) et l’Ecole des
Beaux-Arts de Tunis. Cette dernière
retrouve ainsi son ancienne dénomination et comprend un enseignement à vocation
essentiellement artistique.
La première année d’études est une
année commune de caractère pluridisciplinaire et d’orientation. Elle assure une
large formation de base dans les composantes du langage plastique
(dessin, forme, couleur), parallèlement à un ensemble de cours théoriques dans
les divers domaines de la connaissance (sciences humaines, histoire des
civilisations).
La deuxième année est une année de
spécialisation qui engage la suite des études. L’étudiant choisit entre deux
sections, celle des « Arts Plastiques » (qui comporte deux
cycles de deux ans chacun pour un diplôme national de maîtrise), ou celle des « Arts
et Métiers » (précédemment appelé « Design », pour un diplôme
national « bac+5 »).
L’enseignement d’Arts Plastiques
répond à deux critères : le premier consiste à assurer une formation
spécifique approfondie à de futurs enseignants d’éducation artistique ; le
second résulte de l’importance qu’occupent la
peinture, la sculpture ou la céramique dans le domaine de la pratique.
La dénomination « Art et
Métiers » a été choisie parce que l’ancienne appellation
« Design », dans le sens propre du mot, renferme toute activité
touchant au projet. Le design comprenait le produit (mobilier, voitures,
appareils ménagers, objets utilitaires…), l’art graphique (ébauches d’affiches,
de livres, illustration libre ou appliquée, images graphiques ou picturales…)
et l’aménagement (décor de théâtre ou de films, décoration d’intérieurs…).
Suivant la nouvelle réforme (cf. J.O.R.T. du 26 décembre 1995, décret n°
95-2485), le département « Art et Métiers » comprend une année
commune (deuxième année du premier cycle). Le second cycle, d’une durée de
trois ans, conduit à trois filières : Art et communication, Art-Artisanat
et industrie, Architecture d’intérieurs-Scénographie. En vue des orientations
pédagogiques, ces nouvelles filières témoignent d’une conception différente de
la formation, pour une adaptation meilleure à la vie active en matière d’art,
d’artisanat, d’industrie, de communication et d’aménagement. Dans ce sens, les
études entreprises à l’ESBAT donnent des chances professionnelles à tout
étudiant qui a développé ses propres capacités et qui sait comment les
transposer dans un domaine de travail précis. La participation des étudiants à
des projets réels, comme par exemple la collaboration avec des institutions
publiques ou des producteurs privés, les confronte assez tôt avec les
situations présentes de la pratique. L’Ecole des Beaux-Arts se doit
d’encourager ce rapport avec la pratique, tout en prenant garde aux conflits
critiques qui peuvent en découler. La créativité artistique doit rester le
point de mire de la formation. Une conscience de soi critique, soutenue par la
théorie, protège le jeune diplômé contre une soumission sans discernement sous
de prétendues contraintes matérielles. Pour répondre à ces exigences, les
programmes d’études comprennent tout aussi bien des thèmes artistiques et
créatifs que théoriques et scientifiques. Une formation de troisième cycle en
Sciences et Techniques des Arts, pour l’obtention d’un diplôme d’études
approfondies (DEA) et par la suite d’un doctorat, se charge aussi bien de
fournir à l’Ecole qu’ au champ plus
large de l’investigation scientifique des théoriciens compétents et dotés d’une
réflexion profonde et soutenue.
A côté des cours théoriques faisant
partie intégrante des programmes pédagogiques, des missions et des stages
annuels sont effectués. Des artistes, des critiques, des chercheurs, toutes
disciplines confondues, portant un regard spécifique sur l’art, animent
régulièrement des séminaires, des conférences, des expositions et des
rencontres. C’est dans un esprit d’ouverture et dans le cadre d’une politique
de coopération avec d’autres centres de recherches que l’Ecole compte assurer
un rôle prépondérant dans l’avenir.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire